Journal de Chimiographies. Transformations de Cuyutlán*
En m’inspirant de la technique photographique du papier salé, développée par Henry Fox Talbot en 1841, je propose une méthode d’enregistrement et de représentation personnelle du territoire. Il s’agit d’un enregistrement par contact dans lequel des papiers épais ont été sensibilisés à la lumière avec une solution de nitrate d’argent, puis posés sur le sol et exposés au soleil pendant un temps “x”. Ceci dans le but d’obtenir une image du site à l’échelle 1:1, sans utiliser aucun type de caméra obscura.
Ce processus impliquait : la sensibilisation préalable des papiers en chambre noire, le développement in situ des images et une fixation défectueuse de la réaction chimique, cela pour favoriser l’interaction continue des éléments qui composent l’image. Au moment de quitter la saline, les papiers ont été stockés dans des conteneurs qui empêchent le contact avec la lumière et à chaque ouverture, la réaction d’oxydation recommence sans nous permettre de percevoir une image statique et définitive.
Depuis, les papiers sont conservés dans des cartons et lorsqu’ils sont exposés, des relevés photographiques de leurs transformations sont réalisés.
Ce sont des objets/images instables que j’interprète comme des documents variables qui suggèrent, par analogie, les changements qui se produisent dans la nature à la suite des interactions entre les éléments.
Ces Chimiographies sont des cartographies sensibles d’un territoire, constituées de l’élément chimique à l’origine de son exploitation économique et de sa configuration en image.
* Les salines de Cuyutlán ont été exploitées originairement par des populations indigènes. Peu à peu elles ont été monopolisées et contrôlées par les Espagnols pour ensuite les louer aux Indiens et métis. À partir de 1952, un contrat d’achat-vente a été formulé par lequel la Sociedad Cooperativa de Salineros de Cuyutlán a acquis 4 283 hectares.